1934 : XVIIIe foire de Bordeaux : Visite présidentielle

La dix-huitième Foire de Bordeaux a été inaugurée dimanche 17 Juin par M. Albert Lebrun, président de la République, accompagné de M. Lamoureux, ministre ou commerce; de M. Wllliam Bertrand, ministre de la marine marchande, et en présence de M. Adrien Marquet, maire de Bordeaux, ministre du travall;
de M. Bouliard, préfet de la Gironde; de M. Gonfreveille, président du comité de la Foire de Bordeaux, ainsi que de nombreuse personnalités.

1934 la depeche

1938 : Séminaire d’entreprise à Royan

Le 18 Septembre 1938 la maison Bardinet organisait pour l’ensemble de son personnel une excursion  à Royan, pointe de Grave. Retrouvez ici un fabuleux film qui retrace cette expédition et où nous pouvons reconnaitre certaines têtes familiales 🙂 mais aussi des coupures de presse, le programme de la journée et le menu du diner !

Les coupures de presse 

le figaro 21 septembre 1938
le figaro 21 septembre 1938
Le Journal – 27 Septembre 1938

 

Le programme de la journée : 

 

Le menu du diner ! (fichier pdf a faire defiler) 
Menu Voyage royan 18.09.1938 optim

(merci à M. Jean-Bernard Feillou, qui m’a partagé les documents de sa grand-mère, programme et menu invitée du voyage et alors Clisseuse pour la maison Bardinet, ci apres son « insigne Negrita » pour cette journée exceptionnelle)

 

Le Film :
film amateur d’entreprise sur une journée à Royan organisée par  la société « Les fils de Paul Bardinet ». Paul Bardinet était le vice-président du syndicat des rhums et fondateur de l’entreprise Negrita.

A priori nous y reconnaissons : (mails bienvenus pour inventorier : xavier@collectionbardinet.fr)

  • Patrick Bardinet : 9’30, 10’02 (avec Maryvonne), 10’52, 11’50 (au centre avec un noeud papillon), 14’30, 17’10, 18’30
  • Gildas Bardinet :2’25, 3’12, 3’33, 3’50, 10’46, 10’57
  • Loïc Bardinet : 00’33,07’11, 10’15 (de face en train de danser), 15’23, 20’25 (avec Fauvette)
  • François Barennes: 03’14
  • Bernard Barennes: 06’03
  • Andrée Quincy: 01’28
  • Marie-Antoinette: 1’57, 03’18
  • Fauvette: 2’03, 10’42
  • ???

Pôle : La Mémoire de Bordeaux Métropole – Date : 1938
Format :  16mm – Format son :  Muet

Source : https://www.memoirefilmiquenouvelleaquitaine.fr

1940 : Carnet de Guerre : Note d’un soldat dans un carnet Negrita

NOTES ECRITES PAR UN SOLDAT DE L’ARMEE FRANCAISE  ENTRE LE 10 MAI ET LE 18 JUIN 1940

 

Notes relevées sur un carnet publicitaire « rhum Negrita ». Les fautes d’orthographe n’ont pas été corrigées

 

 

Vendredi 10 Mai 1940

Attaque de l’Allemagne sur Hollande, Belgique, Luxembourg

Samedi 11 Mai

Départ pour la Belgique à 14 h, frontière à 15h, cantonné à Robechies

Dimanche 12 Mai – Pentecôte

Bombardements aériens – construction de lignes au château de Beaumont appartenant au prince de (Chimay ?)

Lundi 13 Mai

Construction de lignes à (Nirelles ?)

Mardi 14 Mai

Bombardement sur route et train de réfugiés atteint – départ à 9h du soir – arrivée à (Nervins ?) le mercredi 15 à 2h du matin

Mercredi 15 Mai – Jeudi 16 Mai

Chargement du matériel à destinataire du parc pour la (Neuville ?) – départ à 21h de (Nervins ?) route embouteillée jusqu’à St Quentin – 3h Ham alerte – arrivée à Compiègne à 5h30 Jeudi matin – reparti pour Beauvais vers 7h – arrivé à Beauvais à la fin de matinée – couché à Beauvais la nuit du Jeudi au Vendredi

Vendredi 17 Mai

Départ à 3h du matin pour la forêt de Compiègne en compagnie du capitaine Lebrun – attente en forêt de Compiègne toute la matinée – retrouvé le restant de la 7ème section avec Bordelier et Halley de la 3ème section

Samedi 18 Mai

Campons en forêt de Compiègne – je suis de garde de 4h à6h du matin – Raids aériens

Dimanche 19 Mai

Départ de la forêt de Compiègne à 10h30 après bombardement de la ville – maisons en feu, direction Breteuil par St Just en Chaussée – à Breteuil demi-tour par St Just en Chaussée puis Beauvais où une halte a lieu  – arrivée à (Auneuil ?) à 18h – couché dans l’allée de peupliers dans la nuit du Dimanche au Lundi

Lundi 20 Mai

Départ de (Auneuil ?) à 13h – Bombardement aussitôt notre départ du village – arrivée au château de Sérans à 18h après être passé par Chaumont en Vexin – couché sur la paille dans la nuit de Lundi à Mardi

Mardi 21 Mai

Départ de Sérans à 13h pour Luzarches, par Persan, Pontoise, Meulan, Poissy, Petit-Robinson, l’Isle Adam – arrivée à Luzarches la nuit du Mardi au Mercredi vers 1h du matin – couché dans la saharienne avec Nicolle et Gagnot (voyage pénible)

Mercredi 22 Mai

Déjeune en bas au foyer du soldat – grand nombre de voitures, vu et parlé à Sevin, chauffeur du commandant du Parc – écrit une carte au foyer …. ?. de la batterie de DCA – reparti ce mercredi 22 de Luzarches à 22h pour Auneuil (fermiers belges) par Pontoise, passé dans le quartier de la gare de Méru bombardé impitoyablement parce que train de munitions.

Jeudi 23

Arrivée à la ferme dont il est question ci-dessus à 9h du matin – bonne nuit du jeudi au vendredi couché entre deux lits.

Vendredi 24

Avec le Lt Tournois, Nicolle forme liste monteur et exploitants. Parti en direction de Crévecoeur à 19h 30 par la Chapelle aux Pots – couché dans la nuit du vendredi 24 au samedi 25 Mai après des fausses manœuvres près d’un dépôt de munitions, retour de trois camions accompagnés d’un moto cycliste dans un chemin creux où je couche au pied d’un gros arbre

Samedi 25 Mai

De bonne heure nous nous trouvons de nombreux camions avec de nouveaux officiers qui forment 5 sections, la 1ère de manipulants dont je fais partie avec Cazalet et Lannier – je dresse une tente et l’on parts le soir même pour coucher la nuit du samedi au dimanche dans une servitude du château de (Lihus ?)

Dimanche 26 Mai

Dans l’après-midi, Cazalet, Lannier, Barranger et moi nous sommes conduits en camion à Grandvilliers où nous sommes bien reçus par le receveur des postes et sa femme – bonne nuit à Grandvilliers du dimanche au lundi

Le Lundi matin 27 mai on revient nous chercher on déjeune et diner sous l’allée du chteau de Lihus – ce même lundi à 19 h nous partons pour la ferme voisine du lieu où loge le capitaine Arnold – après une bonne nuit du lundi au mardi (dans l’étable moderne de la ferme évacuée). Arrivée à 20 h à Marconville – Les lettres nous sont remises 7 + 1 de Limoges

Mardi matin 28

je retrouve les copains de Burelles dont les cuistots nous ont préparé le jus –    1 ou deux avions sont abattus près de nous. Pendant la soupe j’aperçois le capitaine Arnold, Eymard, Desaix – Cette sera une première journée de repos

Mercredi 29

Après une nuit parfaite je vais chercher du lait pour Babichou  qui s’est couché la  veille dans le lit de Gros richard et (Jourd’hui ?) – Les sections sont refondues entièrement – je fais parti des exploitants, aujourd’hui je réponds à la lettre de tante Jeanne – je suis de garde dans la nuit de Mercredi à jeudi de 24 h à 2 h et de 6 h à 8 h

Jeudi 30 Mai 1940

Je prends possession de mon linge donné la veille, Nous  reposons la journée à 20 heures dans la camionette Chevrolet – je prends place avec Lannier, (Bourgès ?), Soyer, Choisnard – on arrive au Château de Rosay à 2 h du matin le vendredi

Vendredi 31 Mai

Je vais dès le matin au bourg chercher pain et beurre, prenons petit déjeuner au café près du bureau de la  ….. ? – Dans l’après-midi à 18 heures je trouve une chambre près l’entrée du château.

Samedi 1er Juin

Dans la chambre en question sur du foin les deux couettes en plume sont étendues dans le lit avec matelas ( St ?) Bigot et Lannier – Choisnard couche à côté sur les couettes – Nous nous levons à 7 heures du matin après une nuit parfaite. Dans la matinée du samedi nous allons monter une ligne en câble léger à Lyons la forêt – au QG nous apercevons quelques pris (prisonniers ?) boches

Dimanche 2 Juin

Nous avions passé la nuit dans la chambre à avoine – Dans l’après-midi nous allons monter une ligne 4 circuits câbles de campagne à partir de la ferme de Greffulle ? sur la route de Gisors à Rouen

Lundi 3 Juin

Après une nuit parfaite au même endroit que la précédente nous nous reposons la matinée (équipe Bigot) – Entrevue avec Simon chauffeur dont la voiture a besoin de réparation – Nous partons dans la soirée du lundi à 19 h 30 – à 0 heures nous arrivons à Viefvillers

Mardi 4 Juin

Nous sommes à Viefvillers petit bourg d’aspect assez pauvre – Nous nous levons à 8 h 30 du matin –  malgré les vagues aériennes, le pays n’est pas évacué

Mercredi  5 Juin

Nous partons la demi section Nicolle, de Viefvillers à 6 heures du matin  pour Conty où l’on est à 7 heures, le pays évacué est lamentable, nous restons au central jusqu’à 1 heure du matin les nouvelles sont mauvaises, les boches avancent d’est en ouest.

Jeudi 6 Juin

Nous partons à 1 h 30 du matin de Conty, les rues sont déjà obstruées, sur le chemin du retour les arbres abbattus coupent les routes qui elles-mêmes sont minées par endroit – notre retour a lieu par un itinéraire détourné nous arrivons à Viefvillers à 3 heures du matin. La journée se passe beaucoup plus tranquile. Dans la soirée je donne a cuire un poulet rapporté de Conty

Vendredi 7 Juin

Nous partons de Viefvillers à 4 heures du matin et sommes à St Lucien à 5 heures 45 – ce pays situé a quelques kilomètres de Beauvais, n’est composé que de quelques fermes, Les vagues d’avions ennemis sont nombreuses, le soleil est très chaud, seule la 3ème section est ici un avion est abattu non loin dans un bois – à 19 h 30 accompagné de Grosrichard et (Cumin ?)nous quittons par mission la ferme de St Lucien pour le central télé de Beauvais

Samedi 8 Juin

Nous passons une nuit blanche dans la poste de Beauvais dont les vitres ont été brisées par les bombardements antérieurs. Les heures nous semblent interminables dans cet vaste immeuble. Avec la voiture de B… ? conduite par Lecler, nous quittons Beauvais  vers 9 h 30 à destination d’un bois situé à 12 kilomètres au sud, dénommé Malassise, les avions nous mitraillent fréquemment, nous quittons ce bois vers 21 heures et nous arrivons à la Neuville Duaumont ou nous passons une nuit bien gagnée et  nécessaire

Dimanche 9 Juin

Nous partons de la ferme située à la Neuville Duaumont à 11 h 15 – Nous déjeunons à Carrière s/Poissy à 14 h 30 – à 17 h 30 on en repart pour Noisy le Roi où l’on est à 20 heures, après une courte nuit nous en repartons à 5 heures du matin

Lundi 10 Juin

Nous quittons Noisy le Roi à 5 heures du matin pour Versailles, Dreux et nous arrêtons à Beaumont le Roger vers 11h 15 – nous repartons de Barc et non de Beaumont le Roger vers 12 h 30 et nous arrivons à Pont Chardon à 16 heures à 5 kilomètres de Vimoutiers

Mardi 11 Juin 1940

Nous couchons dans un pré dans la nuit du lundi au mardi, la journée est calme et je suis de garde 24 heures de mardi midi au lendemain même heure, dans la nuit de 2 à 4 heures et le soir de 6 à 20 et le matin 10 – 12 H

Mercredi 12

Le service de garde se continue comme indiqué plus haut. Les camarades vont travailler toute la journée sans revenir à midi – je me repose l’après-midi.

Jeudi 13 Juin

Nuit parfaite à l’abri – L’usine de Pont Chardon commence à renvoyer du personnel. A 20 heures nous quittons Pont Chardon et sa fontaine en direction d’Alençon

Vendredi 14 Juin

A 1 heure du matin nous couchons dans une ferme du village de Radon à 7 Kms d’Alençon – la cuisine est installée dans le bourg de Radon

Samedi 15 Juin

Toujours dans la ferme proche de Radon, je vous ( ?) parle ( ?) de la section exploitation – (Cloisnard ?) et (Oheix ?) nous y rejoignent venant du central de Bernay. Dans cette journée l’aviation ennemie est très active et passe sans cesse au dessus de nos têtes – la ligne de chemin de fer d’Alençon est particulièrement visée.

Dimanche 16 Juin 1940

La fermière accueillante où nous sommes quitte la maison le dimanche matin. Dans cette journée les sections sont remaniées et restreintes, (Busquet ?), (Mauquet ?), (Bretecher ?), (Mathieu ?), (Terrand ? ) sont rappelés au centre de Tours

Lundi 17 Juin 1940

à 3 heures du matin  nous quittons la ferme près de Radon pour St Aubin du Cormier, entre Fougères et Rennes. Après avoir donné un coup d’œil d’ensemble sur les (….. ?) au château de Fougères nous arrivons à 9 Heures au lieu de destination. Pendant notre déjeuner dans l’herbage nous apprenons que le maréchal Pétain nouvellement au pouvoir vient de demander des conditions d’un armistice aux ennemis – Nous passons la nuit à la ferme située à la sortie du bourg de St Aubin du Cormier

Mardi 18 Juin 1940

Dans la matinée, les poulets plumés le matin viennent d’être mis à cuire, nous apprenons que les boches sont à Vitré. Le Lieutenant reçoit l’ordre de prendre la direction de St Brieuc, nous quittons St Aubin vers 11 heures. Vers 17 heures à Noyal nous nous rencontrons avec un convoi allemand – quelle surprise – Le convoi décide d’abandonner la destinataire prévue et nous faisons chemin sur Collinée où nous passons la nuit dans la salle de classe

Mercredi 19 Juin1940

 (fin des notes manuscrites)

 

 

Qu’est ce que le Clissage ?

Clissages
Disponible en raphia, les clissages mettent en valeur l’image traditionnelle et exotique des alcools et spiritueux. Leur confection artisanale et leur aspect modulable donnent à chaque bouteille, carafe ou flacon un caractère authentique, voire rustique.
Source : http://www.meynard-packaging.com/portfolio/clissage/

La bouteille ainsi clissée s’appelle une Dame-Jeanne : Grande et grosse bouteille (de verre, de terre, de grès, etc.) souvent enveloppée d’osier ou de jonc, d’une contenance pouvant aller de deux à cinquante litres, servant au transport de certains liquides. Synonime : bonbonne.

Si l’objectif du clissage au 19° et début 20° siecle était de solidifier les bouteilles, la pratique existe toujours, à des fins décoratives (cf lien ci dessus Meynard Packaging, aux Chartrons).

La maison Bardinet comptait parmi ses nombreux métiers ouvriers les « Clisseuses », le plus souvent des femmes, qui envellopait d’osiers les différentes bouteilles aisni produites 

C’etait le cas notamment de madame Artiguebielle, clisseuse jusqu’en 1943 aux Chartrons. Elle participa d’ailleurs,  au séminaire à Royan

 

Témoignage de Mr Feillou, son petit fils :

« le lundi 17 mai 1943, ma grand-mère partit à son travail chez Bardinet. A ce moment là, les américains commencèrent à bombarder la base sous-marine à haute altitude, avec leurs « Liberator ». Malheureusement, une bonne partie de Bacalan fut arrosée. Il y eut 175 morts. Ma grand-mère, du coup, loupa son tramway. Elle le vit partir au loin. Une bombe tomba dessus…
La maison de mes grands-parents, 202 cours Dupré de Saint-Maur, disparut sous les bombes. Mes grands-parents quittèrent alors Bordeaux. D’où le certificat de travail de ma grand-mère, que je vous joins, qui donne des détails sur les implantations de l’époque de la maison Bardinet, ainsi qu’un courrier relatif à une petite indemnité que leur accorda, via Bardinet, le syndicat des négociants en vins et spiritueux de Bordeaux et de la Gironde. »

1956 : Histoire du Rhum depuis ses origines (par Mr P. Bardinet)

HISTOIRE DU RHUM DE SES ORIGINES A NOS JOURS

Article issu d’un document original de ma Collection Bardinet. Signé par Patrick BARDINET, PDG de la société Bardinet en 1956. (Patrick Bardinet 1898 – 1982).

Illustration libre par mes soins. 

Table des Matières
HISTOIRE DU RHUM DE SES ORIGINES A NOS JOURS
LA CANNE A SUCRE
LE RHUM
ORIGINE DU RHUM NEGRITA

HISTOIRE DU RHUM DE SES ORIGINES A NOS JOURS

Importé pour la première fois en Europe à la fin du XVIIème siècle sous le nom caraïbe de « tafia » ou « guildive », le Rhum devait occuper rapidement une place de choix parmi les eaux-de-vie naturelles (Cognac, Armagnac…).

Grands seigneurs, bourgeois et fins gourmets lui réservaient une place d’honneur sur les consoles et dessertes auprès des liqueurs qu’on servait alors : Eau cordiale Genevoise, Parfait Amour, Eau d’Oranger, de Mille-Fleurs, Eau des Barbades qui n’est qu’une Eau de cannelle, la Fenouillette et le Ratafia de Cassis.

Sur mer, un capitaine des vaisseaux du Roy n’hésitait jamais à distribuer du rhum à son vaillant équipage pour le soutenir au milieu des tempêtes et l’aider à faire face aux éléments déchaînes.

Prodigieuse époque où le baril de tafia était aussi nécessaire aux conquistadores et corsaires que les barils de poudre… en prévision de l’abordage et du combat.

De nos jours la présence familière du rhum est l’utilité et des bienfaits qu’on lui reconnait dans les limites d’une saine consommation.

La ménagère moderne, comme sa Mère et sa Grand-Mère, se sert du rhum pour préparer des grogs réconfortants ou parfumer sa pâtisserie. Geste machinal, habitude passée à la tradition.

Cependant, se doute-t-elle que l’histoire de cette eau-de-vie est liée à celle de trois siècles fertiles en aventures et riches d’images, dont la première est celle de CHRISTOPHE COLOMB découvrant les « Isles » …

Introduite aux Antilles vers 1630, la culture de la canne à sucre marque le départ de l’histoire du rhum.

Durant trois siècles, le génie français devait marquer ce produit d’une de ses vertus essentielles : la recherche de la qualité.
C’est précisément pour la recherche de cette la définition légale du rhum est absolument restrictive.

Elle stipule que :
« La dénomination de « rhum » ou « tafia » est réservée à l’eau-de-vie provenant exclusivement de la fermentation alcoolique et de la distillation soit des mélasses ou sirops provenant de la fabrication du sucre de canne, soit du jus de canne à sucre, non privé par la défécation des principes aromatiques auxquels les rhums et tafias doivent leur caractère spécifique. »
Lien vers Légifrance

Il est difficile de parler du rhum sans présenter auparavant l’historique de la canne à sucre. Seuls l’introduction et le développement de la culture de cette plante devaient entraîner, sous le chaud soleil des Isles, l’extraordinaire essor de l’industrie sucrière et Lumière.


LA CANNE A SUCRE

Origines

D’après LUCAIN, le sucre était connu des anciens. Il leur était probablement venu de l’Orient.

Le Chevalier de TOUSSAC dans son livre intitulé « FLORE DES ANTILLES » signale que Sénèque et Pline ont aussi parlé du sucre. Mais on croit qu’ils ont désigné une espèce de miel ou de sucre cristallisé que l’on trouve sur les bambous, plutôt que le sucre de canne.

Une étude très intéressante du Colonel BOYER PEYRELEAU, sur les origines de la canne à sucre, figure dans son ouvrage sur les « ANTILLES FRANÇAISES, depuis leur découverte jusqu’à 1825 ». Nous y apprenons que SAUMAISE prétend que les Arabes savaient l’art de faire du sucre bien avant l’an 1000. Les cannes étaient connues en Judée et les Croisés trouvèrent en Syrie et à Tripoli, des roseaux « doux comme le miel », que l’on appelait ZUCRA, cultivés avec soin et manipulés pour en faire du sucre. ALBERTUS-AGNESIS rapporte que les Croisés prirent onze chameaux chargés de sucre.

Les Maures cultivaient la canne à sucre en Espagne d’où ils la transplantèrent aux Açores. Il est établi, qu’elle croissait naturellement aux Indes Orientales, en Morée et en Sicile. Le climat de Sicile ne lui convenant pas, ­ elle réussit mieux à Madère où le Prince HENRI LE NAVIGATEUR la transplanta.

En 1483, le Général de VIERA achevait la conquête îles Canaries au profit de l’Espagne. Il partagea les terres de ces Îles entre les soldats et les espagnols et y transporta la canne à sucre d’Espagne et de Madère. Cette plante connut un essor remarquable. Sa culture aux Canaries marque une étape importante dans l’extension progressive de la canne à sucre. C’est de là qu’elle fut introduite en Amérique et aux Antilles par CHRISTOPHE COLOMB, lors de son deuxième voyage à SAINT-DOMINGUE.

La qualité de la production sucrière de Saint­-Domingue devait concurrencer durement celle des Canaries dont les plantations, en moins d’un siècle, furent changées en champs de mais et de froment.

Le géographe allemand de BUCH mentionne à ce sujet : « On y cultive encore la canne, en quelques endroits et seulement pour fournir aux cloîtres des religieuses de la ville les matériaux nécessaires pour la confection de « leurs confitures … « 

Divers auteurs ont prétendu que la canne à sucre croissait naturellement en Amérique et aux Antilles avant qu’elle n’y fût introduite.

Ce point est discuté. Le Navigateur GAGES nous apprend, qu’en se rendant au Mexique en 1625, les Caraïbes de la Guadeloupe – où sa flotte séjourna le 20 août pour faire de l’eau – lui présentèrent des cannes à sucre et divers fruits.
D’autres voyageurs disent que la canne croissait sans culture et d’une grandeur extraordinaire sur les rives de la Plata de Janeiro et du Mississipi.
C’est aux Portugais et aux Espagnols que nous secret d’en extraire le sucre. Nous leur avons appris en échange, celui de le raffiner.

Les Français commencèrent à faire du sucre à la Guadeloupe en 1644 et un peu plus tard à la Martinique qui doit à Benjamin DACOSTA l’introduction de la culture des cannes. La canne de Batavia importée de l’Inde, plus grosse et plus juteuse fut bien vite préférée à la canne créole. Mais l’une et l’autre · devaient le céder à la canne de Taiti, déjà connue à l’île de France et que l’Intendant FOULLON fit venir à ses frais, de l’Inde à la Martinique, en 1789.

Afin de mieux apprécier l’initiative de FOULLON, il est utile de se reporter plus d’un siècle et demi en arrière, à une époque où les voyages de l’Inde à la Martinique réservaient aux vaisseaux qui les entreprenaient de multiples risques.

FOULLON devait subir une forte émotion à l’arrivée du navire porteur des plants de canne – et divers arbustes précieux dont un mangoustan qu’il avait également fait venir.
La longueur de la traversée, les différences de climats expliquent que la plupart de ces plants arrivèrent déjà morts. Ce ne fut qu’avec beaucoup de peine que FOULLON préserva un plant de canne, qu’on lui remit en très mauvais état, mais qu’il réussit à sauver et dont l’espèce l’emporta bientôt sur toutes les autres, par sa hauteur, sa grosseur et sa qualité.

Il eut été regrettable dans cet exposé de ne pas relater le bel exemple de volonté et d’esprit d’entreprise que constitue l’initiative désintéressée de l’intendant FOULLON.

Description de la canne – Sa culture

La canne à sucre présente une ressemblance lointaine bien sûr mais certaine, avec le roseau qui croit de préférence dans les lieux marécageux.

La différence entre ces deux plantes est que l’écorce des roseaux est dure et sèche et leur pulpe sans saveur, tandis que 1 écorce des cannes à sucre n’a jamais beaucoup de dureté et que la matière spongieuse qu’elles renferment est pleine d’un suc ou « jus » dont la quantité et la qualité sont proportionnées à la richesse du terrain qu’elles occupent, à son exposition, à leur âge et au temps de leur récolte. Suivant la qualité du terrain les cannes sont grosses ou menues, longues ou courtes. Suivant leur exposition au soleil, elles sont plus ou moins sucrées. La saison où elles sont recueillies leur donne plus ou moins de suc et leur âge les rend plus ou moins bonnes.
Les feuilles de la canne sont longues et étroites. Elles ne viennent ordinairement qu’à la tête de la plante, Celles qui sortent aux différents nœuds où la canne s’est arrêtée en croissant, tombent à mesure que les tiges s’élèvent et laissent à nu la partie la plus près du sol.

Ceci explique que des nœuds de feuilles font qu’une canne est juger mauvaise ou du moins fort éloignée de sa maturité. Les bonnes cannes n’ont qu’un rameau de sept ou huit feuilles au sommet.
Mais le fait que le sucre qu’on retire de la canne à sucre est plus ou moins bon, selon la nature du terrain, apparente la culture de cette plante à celle de la vigne.

Ce point est très important car il en découle que la canne à sucre possède ses crus, comme le vin.

Une terre légère, poreuse, profonde, légèrement en pente et largement ensoleillée portera des cannes jaunes, lis­ ses, pesantes et riches en suc doux et gluant. Une terre grasse et forte produira de grandes et grosses cannes presque toujours vertes, pleines d’un suc aqueux et peu sucré.

Ces explications sont nécessaires car elles situent dès à présent le rôle éminent du Négociant-Importateur. Avant d’acheter les meilleurs crus de rhum, il devra savoir les sélectionner.

Lieux de culture

Actuellement ; la canne à sucre est surtout cultivée dans les départements et territoires d’outre-mer, ci-après, MARTINIQUE, GUADELOUPE, GUYANE, REUNION, MADAGASCAR : INDOCHINE ; Également dans les ANTILLES ANGLAISES) l’Amérique DU SUD (BRESIL, MEXIQUE) et certaines iles de l’OCEANIE.

Les Antilles françaises et la Réunion sont les plus gros fournisseurs de rhum et de sucre de canne Ces territoires alimentent principalement l’importation des rhums en France selon un contingentement particulier à chacun des centres de production.

La vocation agricole des Antilles est, depuis le XVIème siècle, axée principalement, sur la culture de la canne, produit de valeur qui leur a apporté la richesse.

Néanmoins, Il faut souligner ici le rôle joué indirectement par la culture de l’indigo au profit de celle de la canne à sucre, et considérée comme un point de départ de la culture de la canne. La culture de l’indigotier et la fabrique de l’indigo, considérables au milieu du XVIIème siècle enrichirent les Antilles. Peu après l’introduction de la canne à sucre, les principaux habitants jugèrent avec raison qu’il valait mieux s’attacher à faire du sucre.

Le Père LABAT, missionnaire français, remarquable par ses ouvrages sur les Antilles, écrit à ce sujet :
« C’est ordinairement par l’indigo et le tabac qu’on commence les habitations (1) parce que ces manufactures ne demandent pas un grand attirail, ni beaucoup de nègres, et qu’elles mettent les habitants en état de faire des sucreries ; avantage auquel ils aspirent tous. Non seulement pour le profit qu’il rapporte, mais encore parce qu’une sucrerie les met au rang des gros habitants ; au lieu que l’indigo les retient dans la classe. Des petits. Ainsi la fabrique de l’indigo mit quantité de particuliers en état de monter des sucreries. »

Au cours d’une promenade effectuée longtemps après, aux environs du Cap Français, le Père LABAT relate dans son journal « qu’on commençait à y former quantité de sucreries, au lieu de l’indigo qu’on y avait cultivé jusqu’alors. »
Cet abandon progressif de l’indigo, dont la préparation était d’ailleurs délicate et incertaine, devait favoriser considérablement l’extension de la culture de la canne à sucre.

(1) Fermes ou petites entreprises à proximité,
ou à l'intérieur desquelles habitaient les travailleurs.

Climat

Cette culture, en effet, s’adapte le mieux au et à la nature du sol. Elle résiste aux cyclones dans une proportion qui le hisse en moyenne 50. % de la récolte, quand 11 ne resterait à peu près plus rien d’autres plantes. La culture de la canne est bien la culture traditionnelle des Antilles Françaises, comme de tous les territoires des Caraïbes.

La culture de la canne ne fut introduite à la REUNION, dans l’Océan Indien, que plus tardivement, vers 1735. Le sol très riche se prête admirablement au développement des plantations. L’île de la Réunion est avant tout un gros producteur de sucre bien que fournissant également un important contingent de rhum.

C’est en 1800 que la canne fut introduite à MADAGASCAR. Sa culture ne peut s’y effectuer que dans les régions de faible altitude.
La canne à sucre plantée aux Antilles ou dans les îles de l’Océan Indien ne s’y développe que dans les bonnes terres cultivables et suffisamment exposées aux vents alizés.

Le besoin de chaleur explique la délimitation de la zone mondiale de la culture de la canne, et cela de part et d’autre de l’Equateur, jusqu’au trentième degré de latitude.

 


LE RHUM,

Il est probable que la fabrication du rhum suivit de très près l’établissement des Européens en Amérique.

Dès 1635 les Directeurs de la « Compagnie des Isles » en engageant les colons à la culture de la canne à sucre, devaient favoriser le développement de la très importante industrie sucrière dont l’utilisation des sous-produits devait à son tour entrainer les colons à fabriquer du rhum. Le Père Dominicain Jean-Baptiste LABAT ainsi que d’autres auteurs, ont longuement décrit la fabrication de l’eau-de-vie tirée de la canne et que l’on appelait alors « guildive ».

Le Père LABAT écrit :
« L’eau-de-vie qu’on tire des cannes est appelée sauvages et les nègres l’appellent tafia. » Ce passage du Père LABAT prouverait que le mot de « guildive » est né parmi les colons français tandis que « tafia » appartient aux indigènes. Ce mot proviendrait de « guiller » « fermenter », soit encore de « geler » terme populaire pour « jaillir » et « dive » forme corrompue de « diable ».

L’écrivain anglais SLOANE en a donné l’étymologie suivante : « guildive » dit-il, vient de « Kill-devil » (tue- diable).

Quant au mot « rhum » son origine est obscure. D’après les uns il serait dérivé du mot malais « Brum » qui signifie « boisson fermentée. D’autres émettent l’hypothèse facile que « Rum » représenterait la dernière syllabe de « Saccharum » nom latin de la canne à sucre.

La consommation de ce produit s’effectua d’abord sur place.

Sa fabrication ne bénéficiait pas encore des très grands progrès qui devaient en améliorer la qualité. Les vertus bienfaisantes de cette eau-de vie naturelle étaient pourtant déjà reconnues. Le Père LABAT dit « On ne donne aux nègres que de l’eau pour boissons mais comme elle n’est pas capable de les soutenir dans un long travail, un maitre qui prend soin d’eux, y ajoute soir et matin, un verre d’eau-de-vie de cannes, surtout lorsqu’ils sont employés à quelques exercices extraordinaires, ou lorsqu’ils ont souffert de la pluie. »

Un peu plus loin :
« Les nègres des sucreries font une boisson qu’ils appellent « Grappe ». C’est du jus de canne qu’ils prennent lorsqu’il est bien écumé, et dans lequel ils mettent le jus de deux ou trois citrons. Cette liqueur, qui se boit chaude, est d’un excellent usage pour la poitrine ; elle soutient, elle désaltère. En un mot, elle produit l’effet du meilleur bouillon. »

Mais le progrès cheminant, Il se dessina une technique de distillation particulière au rhum. Il faut saluer ici l’œuvre immense accomplie par le Père LABAT. Grâce à lui, ne tardèrent pas à être introduits des appareils de distillation à peu près semblables à ceux utilisés en Charente, mais qu’il sut rénover et adapter parfaitement à la distillation du rhum.

Le guildive et le tafia n’eurent pas droit de cité en France dès l’origine, et une déclaration du roi en interdisait même la fabrication et le commerce des eaux-de-vie de canne, afin de sacrifier tout au commerce important des eaux-de-vie de vin. En un mémoire royal devait encourager les planteurs à établir des guildiveries. Enfin, la loi du 8 Floréal, An X, admit l’entrée en France des tafias des colonies françaises.

Il existe deux sortes de rhum :

Le rhum produit directement à partir du jus de la canne par les distilleries,

Et,

Le rhum issu de la fabrication du sucre et produit par les rhumeries des grandes sucreries.

Il est à remarquer que les rhums issus de la fabrication du sucre de canne tirent, certainement, des vertus reconnues à ce sucre, les qualités thérapeutiques et de dégustation qui ont fait leur réputation. Ils représentent d’ailleurs 80% des rhums alimentant la Métropole.

Au cours de son premier séjour sur place, dans fûts en chêne spécial, le rhum subit un vieillissement comparable à celui constaté en France sur des eaux-de-vie trois ou quatre ans. Son bouquet primitif augmente en puissance et en finesse et sa saveur devient plus moelleuse et plus douce.

Les compagnies de navigation assurent, par des services réguliers, le transport vers la métropole des productions d’outre-mer. Chaque expédition est assortie d’un certificat de contingent attestant le droit du producteur et un certificat d’origine prouvant qu’il s’agit bien d’un rhum en provenance de tel ou tel centre de production.

Aucun produit n’est davantage protégé contre la fraude et le consommateur est certain de l’authenticité du rhum qui lui est présenté et de sa qualité de produit naturel.

Dans certains pays la vente de « rhum fantaisie » « rhum imitation » est tolérée. En France, rien de semblable. Une loi formelle précise que ne peuvent être vendus sous la dénomination rhum que les rhums d’origine, sans addition d’aucun autre spiritueux.

Des rapports étroits et amicaux unissent en général le producteur de rhum avec son client, le Négociant-Importateur. Ce dernier doit savoir choisir entre les rhums qui lui sont proposés, telles ou telles qualités, fixer les quantités les époques auxquelles il désire recevoir ses marchandises. Autant de problèmes qui paraissent simples à première vue mais qui, en fait, soulèvent de nombreuses difficultés.

Rôle Important du Négociant importateur

A réception, l’importateur devra exercer tout marier les rhums de qualités différentes qu’il aura choisis, de façon à obtenir un type de rhum d’une unité parfaite. Ce mariage lui permet de prendre à tel rhum son bouquet, autre son corps, à tel autre enfin, sa finesse.
Tous ces rhums réunis, assemblés, vont s’enrichir dans d’immenses foudres en chêne, et attendre que fasse son travail. En effet, seul le temps va permettre l’oxydation très complète de certaines substances du rhum, il donnera son cachet, son originalité, ses signes distinctifs qui font que les consommateurs préfèrent acheter une Marque plutôt qu’une autre.

Enfin, à l’époque choisie par l’importateur et ses maitres de chai, le rhum est mis en bouteille et prêt à être sommation. Le moment est alors venu où le client reconnaitre dans la Marque qui lui est vendue les qualités éminentes qui le font s’attacher à cette Marque.

Consommation du Rhum

Bien qu’aucune statistique officielle n’ait pu, jusqu’à ce jour, être établie, la répartition de la consommation du rhum évolue de la façon suivante :
30% en pâtisserie ou entremets
40% en grogs
30% environ au petit verre

Le rhum dans la pâtisserie

Le rhum apparaît bien sous son véritable jour, comme l’adjuvant indispensable pour la pâtisserie et les entremets auxquels il confère un parfum si spécial – particulièrement goûté des palais français – et cela à tel point que les pâtisseries dans lesquelles ne rentrent pas un peu de rhum nous semblent sans attrait, sans originalité, sans caractère.

Voici, repris intégralement, l’article savoureux écrit avec flamme par Paul REBOUX. Ce fin connaisseur le dédia à la plus grande Marque française de rhum : NEGRITA.

« L’utilisation du rhum dans la cuisine ? Mais elle est presque sans limites.
Un petit verre de rhum fait merveille dans un bœuf à la mode, par exemple. Une matelote, ou bien une sauce américaine s’accommodent savoureusement avec un peu de rhum qui leur donne, une je ne sais quelle saveur, plus fine, plus relevée, plus aromatique, que celle qu’on obtient seulement par de « la fine champagne. Les crèmes au rhum sont exquises.

Tenez une recette d’entremets. Faites une compote de pommes. Incorporez-y, pour huit personnes, quatre bonnes cuillerées à soupe de rhum. Coupez des oranges en· rondelles. Sans l’écorce et sans les pépins. Posez ces rondelles, d’oranges sur votre compote, ainsi que de petits plateaux. Et sur ces petits plateaux, servez des fraises, des grosses fraises ou des fraises des bois. Sur le tout, au dernier moment, un léger nuage de sucre. Voilà un entremets simple, amusant et délicieux.

Et les bananes au rhum, les bananes qu’on coupe seulement en deux. Dégagez la pulpe de la petite barque d’écorce. Mettez dans cette barque un peu de beurre, un peu de sucre, un peu de rhum, un peu de crème. Sur le tout, du macaron rassis, écrasé en petits morceaux. Glissez cela au four. C’est parfait. Le macaron se dore comme un gratin. La banane s’amollit. Le sucre la pénètre. Le beurre fondu la rend plus onctueuse. Le rhum la parfume. Vous avez là comme une bouffée de la saveur des Antilles. Goûter cela c’est presque un moyen de voyager « sans quitter, sinon votre fauteuil, du moins votre chaise de salle à manger.

Et le rhum dans la purée de marrons. Et le rhum ajouté au vin dans lequel on cuit des pruneaux t Et le rhum dans le sabayon, remplaçant, d’une façon plus corsée, « le vin de Marsala.

Je ne parle pas du rhum dans la pâtisserie. Les babas, les savarins, sont classiques.
Mais quels gâteaux exquis on fait, à la mode franc-comtoise, avec une pâte légère, une pâte génoise, qui ressemble à une pâte de madeleine, fortement imprégnée de « rhum comme on imprègne, là-bas, les gâteaux avec le kirsch de la région. Nappez ·cela de sucre mou comme le sucre qui recouvre les petits fours. Et faites s’enliser dans ce sucre des morceaux de cacahuètes concassées. Encore un entremets exotique, conforme pourtant aux plus respectables traditions de la vieille cuisine française. »


Vous pensez bien que je ne vais pas mentionner ici l’omelette au rhum. L’omelette au rhum est le pont aux ânes des cuisinières au répertoire limité.
Mais avez-vous pensé à faire des crêpes au Rhum ? Avez-vous pensé à mêler du rhum au lait dans lequel vous faites imbiber du pain perdu ?

On pourrait presque dire que le rhum est accompagnement type de tous les entremets qui comportent. Un élément exotique, que cet entremet soit au chocolat, au cacao, qu’il soit au café, qu’il soit à l’orange, à la banane, à l’ananas. Il semble qu’entre ces arômes et l’arôme du rhum existe une sorte d’affinité. Le goût du café et du rhum, le goût du chocolat et le goût du rhum, se rencontrent comme des camarades, comme des concitoyens. Ils ont l’air de se retrouver. Ils tombent dans les bras l’un de l’autre. N’est-il pas attendrissant d’assister à une si joyeuse rencontre. Oui, je vous assure qu’on éprouve une sorte de satisfaction sentimentale à unir deux éléments si heureux de se joindre, et qui sont, on peut le dire, comme destinés l’un à l’autre. »

Le rhum dans les grogs

L’opinion publique, bien avant la découverte médicaments d’aujourd’hui, avait consacré le rhum comme meilleur élément de lutte contre le froid. Le rhum est un produit qui ne doit rien à la synthétique.
Tout au contraire, il est riche en éléments naturels tels que aldéhydes, furfurol, etc. Provenant de la seule fermentation du sucre de canne et ne contient aucune essence chimique. Il est bien évident que ce sont des qualités fort appréciables pour qui souhaite en consommer dans les : limites de la plus honnête tempérance.

On a pu vérifier dans le domaine médical que les vertus prêtées à ce spiritueux dans les temps anciens du Père LABAT et de la navigation à voile, n’étaient nullement exagérées.

L’habitude prise par certaines personnes frileuses de prendre un grog à l’eau, au lait ou au thé, en fin d’après-midi ou dans la soirée, lorsque les premiers froids humides font leur apparition n’est-elle pas défavorable à leur foie ?
On peut affirmer que non, car la faible quantité d’alcool que représentent quelques cuillerées à café de rhum dans une tasse de chaud liquide ne fait courir absolument aucun risque à la cellule hépatique. Par contre, il est bien prouvé, chaque hiver, l’importance prophylactique certaine, du rhum, comme agent antigrippal, tel le rhum NEGRITA qui, de tous temps, a tenu compte au maximum, dans sa composition, des vertus thérapeutiques dont doit bénéficier l’utilisateur.

Si cela n’était, verrait-on de grandes collectivités humaines recommander à leurs membres la consommation systématique de boissons chaudes au rhum ? Une tasse de lait sucré et bien chaud, aromatisée au rhum NEGRITA, est une re­ cette de grog que l’on peut et doit vivement recommander. C’est une boisson énergétique, stimulante, euphorisante et saine.

Lorsque l’accès grippal est déclaré, il va de soi que l’on a tout intérêt surtout dans le but de favoriser la diffusion et l’action thérapeutique des médicaments classiquement utilisés, à prendre des doses un peu plus élevées de rhum, en ayant soin de toujours bien les répartirent de grandes quantités d’un liquide très chaud, généreusement sucré, vitaminisé par du jus de citron.

Les potions au rhum

Le rhum entre dans la composition de plusieurs potions cordiales, toniques, stimulantes qui, malgré la vogue considérable et méritée d’une foule d’autres médicaments, gardent leur valeur.

Comment conclure cet exposé sans se tourner vers les siècles passés et adresser une pensée reconnaissante au missionnaire français, le Père LABAT, qui à la fin du XVIIème siècle, le premier, sut mettre au point la fabrication du rhum dans nos Antilles et nous permet d’apprécier, comme le dit le poète antillais…

« Ce rayon de soleil condensé »

Aujourd’hui, le rhum de nos îles est apprécié sous toutes les latitudes, dans tous les pays, dans tous les milieux. Comme à son origine, il reste le précieux élixir de la famille pour lutter contre la fatigue et le froid. Il a aussi conquis une place de choix dans la confection des pâtisseries dont il fait le succès.
Son utilité, réelle et reconnue, le place au­ dessus de toutes les grandes eaux-de-vie et liqueurs. Le RHUM porte à tous les coins du monde, le renom du goût, et du bon goût français.


ORIGINE DU RHUM NEGRITA

La Société LES FILS DE PAUL BARDINET est une société française, née en 1857 à Limoges.

Alors qu’à cette époque les rhums étaient marque, en bonbonnes ou petits fûts de 20 ou 30 litres et de qualité irrégulière, elle fût l’une des premières à créer et présenter en bouteilles un type de rhum, « NEGRITA », parfaitement adapté au goût du consommateur français.

Ainsi, la Société BARDINET transforma et révolutionna la vente du rhum.
Les caractéristiques du NEGRITA qui mettaient en relief les qualités de parfum et de corps des différentes origines de rhums, tous provenant de pays volcaniques, furent telles, que le NEGRITA devint vraiment le rhum type.
Le succès incontesté de NEGRITA prouve que la valeur d’un rhum se juge à son parfum.

Alliant, dans un mariage heureux, les meilleurs crus des différentes productions, le rhum NEGRITA a recherché dans celles-ci leurs qualités organoleptiques les plus éminentes, afin d’exalter au maximum leurs vertus thérapeutiques.

Ainsi, le consommateur retrouve toujours, en NEGRITA, un rhum toujours égal, d’une saveur délicieuse, et surtout UN RHUM RICHE EN PARFUM.
Ce point est d’une extrême importance, car toutes les vertus du rhum sont contenues dans son parfum.

Il est prouvé scientifiquement, que le parfum spécial du rhum est uniquement dû aux principes actifs qu’il contient, ceux-là mêmes qui lui donnent ses vertus bienfaisantes.

Il en découle naturellement, que :

PLUS UN RHUM EST PARFUME, PLUS IL EST ACTIF

Justifiant pleinement l’argument qu’il utilise :

NEGRITA PLUS PARFUME DONC PLUS ACTIF

Garantit des grogs efficaces et réconfortants et des pâtisseries vraiment originales, plus savoureuses et à moins de frais, car il ressort naturellement que :

NEGRITA PLUS PARFUME est aussi PLUS ECONOMIQUE


 

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Histoire-du-Rhum-BARDINET

1977 : Bulletin Wanson : Bardinet à Bordeaux

[Babcock Wanson, du xixe au xxie siècle, C’est en 1898 que l’ancêtre de Babcock Wanson, la Société Française des constructions Babcock & Wilcox, a été fondée. Une vingtaine d’années après, Léo Wanson créé la société Wanson le 24 janvier 1929, appelée au départ C.M.T (Construction de Matériel Thermique). Cette même année, Léon Wanson a lancé une revue La Chaufferie, devenue après la guerre le Bulletin Wanson.]

La chaufferie des Ets Bardinet, à Bordeaux, équipée de deux Steambloc type 200, timbrées à 10 bar, fonctionnant au fuel lourd no 2.

 

Au XVIIe siècle, une famille de chapeliers comme tant d’autres, les Bardinet.

L’un d’entre eux, Paul, arrière-grand-père du Président actuel se fait distillateur de liqueurs puis Importateur de rhum. En 1857 la première société est constituée à Limoges. On Importe du rhum de la Jamaïque.
Paul Bardinet met au point un type de rhum correspondant au goût de la clientèle française et le loge dans une bouteille sertie de raphia, ornée d’une tête de créole.

Paul Bardinet et son fils Edouard assurent eux-mêmes la commercialisation de leurs rhums et liqueurs dont le renom passe très vite au-delà des frontières. La tête de créole des étiquettes devient la « Negrlta » pour les Espagnols qui réclament le  » Ron de la Negrita ». Les fondateurs du rhum Bardinet
déposent alors la marque qui sera connue dans le monde entier :
« Negrita ».

Edouard succédant à son père, décide d’installer la société à Bordeaux, grand port de débarquement du rhum qui possède d’autre part de grandes facilités pour l’exportation. L’entreprise se développe en France et à l’étranger jusqu’à la deuxième guerre mondiale. En 1938. Patrick Bardinet succède à son père. Mécanisation et organisation très poussées sont introduites. La clientèle est suivie de très près, le Président voyage sans cesse et imprime une forte impulsion à l’affaire.

Après la guerre qui avait mis en veilleuse l’activité de la société, Patrick Bardinet, secondé par ses frères Gildas et Loïc et son beaufrère Jean Gavini, redonne à l’affaire son rythme normal et lui assure une nouvelle dimension : ouverture de l’usine de Mexico.
En 1957, Patrick cède la présidence à Loïc qui, tout en développant la société-mère (création dans la région parisienne d’une nouvelle usine), crée en dix ans
toute une série de pôles de développement nouveaux.

En 1967, Loïc Bardinet transmet le flambeau au Président actuel, Dominique Bardinet, qui, assisté d’Emmanuel Bardinet, directeur général, continue la politique d’expansion et de diversification amorcée
dans les années 60.

En quelques années, l’essor des nouveaux produits aboutit à un accroissement
des volumes, donc de la fabrication, que les usines de Bordeaux-Cauderan et d’Ivry-sur-Seine ne peuvent plus absorber. Après des années de recherches et
d’études (le choix du terrain devant obéir à des impératifs très précis), la société déménage pour la deuxième fois depuis sa création et s’installe au printemps 75
à la limite nord de la zone industrielle de Blanquefort près de Bordeaux, dans des bâtiments flambants neufs (15 000 m2 au sol), construits sur un domaine de 12
hectares dont 7 boisés. Globalement, l’usine et le siège de Blanquefort emploient près de 300 personnes et il reste encore de grandes possibilités d »extension, puisque, en dehors de 7 hectares édifiables, la superficie couverte développée
peut être portée à plus de 3 hectares.

 

Bulletin Wanson : juin 1977
BWJuin 1977

1992 : L’exposition « Collection bardinet »

Du 15 Juin au 31 aout 1992 est organisée une exposition « Collection bardinet » à la cité mondiale du vin et des spiritueux. Vous retrouverez ci dessous un extrait du catalogue d’exposition qui présente 94 affiches autour du Rhum, Negrita et de ses conccurrents. Commentaire et préface de Dominique Bardinet.


 

 

1992 La collection Bardinet Editions Burdin SA