NOTES ECRITES PAR UN SOLDAT DE L’ARMEE FRANCAISE ENTRE LE 10 MAI ET LE 18 JUIN 1940
Notes relevées sur un carnet publicitaire « rhum Negrita ». Les fautes d’orthographe n’ont pas été corrigées
Vendredi 10 Mai 1940
Attaque de l’Allemagne sur Hollande, Belgique, Luxembourg
Samedi 11 Mai
Départ pour la Belgique à 14 h, frontière à 15h, cantonné à Robechies
Dimanche 12 Mai – Pentecôte
Bombardements aériens – construction de lignes au château de Beaumont appartenant au prince de (Chimay ?)
Lundi 13 Mai
Construction de lignes à (Nirelles ?)
Mardi 14 Mai
Bombardement sur route et train de réfugiés atteint – départ à 9h du soir – arrivée à (Nervins ?) le mercredi 15 à 2h du matin
Mercredi 15 Mai – Jeudi 16 Mai
Chargement du matériel à destinataire du parc pour la (Neuville ?) – départ à 21h de (Nervins ?) route embouteillée jusqu’à St Quentin – 3h Ham alerte – arrivée à Compiègne à 5h30 Jeudi matin – reparti pour Beauvais vers 7h – arrivé à Beauvais à la fin de matinée – couché à Beauvais la nuit du Jeudi au Vendredi
Vendredi 17 Mai
Départ à 3h du matin pour la forêt de Compiègne en compagnie du capitaine Lebrun – attente en forêt de Compiègne toute la matinée – retrouvé le restant de la 7ème section avec Bordelier et Halley de la 3ème section
Samedi 18 Mai
Campons en forêt de Compiègne – je suis de garde de 4h à6h du matin – Raids aériens
Dimanche 19 Mai
Départ de la forêt de Compiègne à 10h30 après bombardement de la ville – maisons en feu, direction Breteuil par St Just en Chaussée – à Breteuil demi-tour par St Just en Chaussée puis Beauvais où une halte a lieu – arrivée à (Auneuil ?) à 18h – couché dans l’allée de peupliers dans la nuit du Dimanche au Lundi
Lundi 20 Mai
Départ de (Auneuil ?) à 13h – Bombardement aussitôt notre départ du village – arrivée au château de Sérans à 18h après être passé par Chaumont en Vexin – couché sur la paille dans la nuit de Lundi à Mardi
Mardi 21 Mai
Départ de Sérans à 13h pour Luzarches, par Persan, Pontoise, Meulan, Poissy, Petit-Robinson, l’Isle Adam – arrivée à Luzarches la nuit du Mardi au Mercredi vers 1h du matin – couché dans la saharienne avec Nicolle et Gagnot (voyage pénible)
Mercredi 22 Mai
Déjeune en bas au foyer du soldat – grand nombre de voitures, vu et parlé à Sevin, chauffeur du commandant du Parc – écrit une carte au foyer …. ?. de la batterie de DCA – reparti ce mercredi 22 de Luzarches à 22h pour Auneuil (fermiers belges) par Pontoise, passé dans le quartier de la gare de Méru bombardé impitoyablement parce que train de munitions.
Jeudi 23
Arrivée à la ferme dont il est question ci-dessus à 9h du matin – bonne nuit du jeudi au vendredi couché entre deux lits.
Vendredi 24
Avec le Lt Tournois, Nicolle forme liste monteur et exploitants. Parti en direction de Crévecoeur à 19h 30 par la Chapelle aux Pots – couché dans la nuit du vendredi 24 au samedi 25 Mai après des fausses manœuvres près d’un dépôt de munitions, retour de trois camions accompagnés d’un moto cycliste dans un chemin creux où je couche au pied d’un gros arbre
Samedi 25 Mai
De bonne heure nous nous trouvons de nombreux camions avec de nouveaux officiers qui forment 5 sections, la 1ère de manipulants dont je fais partie avec Cazalet et Lannier – je dresse une tente et l’on parts le soir même pour coucher la nuit du samedi au dimanche dans une servitude du château de (Lihus ?)
Dimanche 26 Mai
Dans l’après-midi, Cazalet, Lannier, Barranger et moi nous sommes conduits en camion à Grandvilliers où nous sommes bien reçus par le receveur des postes et sa femme – bonne nuit à Grandvilliers du dimanche au lundi
Le Lundi matin 27 mai on revient nous chercher on déjeune et diner sous l’allée du chteau de Lihus – ce même lundi à 19 h nous partons pour la ferme voisine du lieu où loge le capitaine Arnold – après une bonne nuit du lundi au mardi (dans l’étable moderne de la ferme évacuée). Arrivée à 20 h à Marconville – Les lettres nous sont remises 7 + 1 de Limoges
Mardi matin 28
je retrouve les copains de Burelles dont les cuistots nous ont préparé le jus – 1 ou deux avions sont abattus près de nous. Pendant la soupe j’aperçois le capitaine Arnold, Eymard, Desaix – Cette sera une première journée de repos
Mercredi 29
Après une nuit parfaite je vais chercher du lait pour Babichou qui s’est couché la veille dans le lit de Gros richard et (Jourd’hui ?) – Les sections sont refondues entièrement – je fais parti des exploitants, aujourd’hui je réponds à la lettre de tante Jeanne – je suis de garde dans la nuit de Mercredi à jeudi de 24 h à 2 h et de 6 h à 8 h
Jeudi 30 Mai 1940
Je prends possession de mon linge donné la veille, Nous reposons la journée à 20 heures dans la camionette Chevrolet – je prends place avec Lannier, (Bourgès ?), Soyer, Choisnard – on arrive au Château de Rosay à 2 h du matin le vendredi
Vendredi 31 Mai
Je vais dès le matin au bourg chercher pain et beurre, prenons petit déjeuner au café près du bureau de la ….. ? – Dans l’après-midi à 18 heures je trouve une chambre près l’entrée du château.
Samedi 1er Juin
Dans la chambre en question sur du foin les deux couettes en plume sont étendues dans le lit avec matelas ( St ?) Bigot et Lannier – Choisnard couche à côté sur les couettes – Nous nous levons à 7 heures du matin après une nuit parfaite. Dans la matinée du samedi nous allons monter une ligne en câble léger à Lyons la forêt – au QG nous apercevons quelques pris (prisonniers ?) boches
Dimanche 2 Juin
Nous avions passé la nuit dans la chambre à avoine – Dans l’après-midi nous allons monter une ligne 4 circuits câbles de campagne à partir de la ferme de Greffulle ? sur la route de Gisors à Rouen
Lundi 3 Juin
Après une nuit parfaite au même endroit que la précédente nous nous reposons la matinée (équipe Bigot) – Entrevue avec Simon chauffeur dont la voiture a besoin de réparation – Nous partons dans la soirée du lundi à 19 h 30 – à 0 heures nous arrivons à Viefvillers
Mardi 4 Juin
Nous sommes à Viefvillers petit bourg d’aspect assez pauvre – Nous nous levons à 8 h 30 du matin – malgré les vagues aériennes, le pays n’est pas évacué
Mercredi 5 Juin
Nous partons la demi section Nicolle, de Viefvillers à 6 heures du matin pour Conty où l’on est à 7 heures, le pays évacué est lamentable, nous restons au central jusqu’à 1 heure du matin les nouvelles sont mauvaises, les boches avancent d’est en ouest.
Jeudi 6 Juin
Nous partons à 1 h 30 du matin de Conty, les rues sont déjà obstruées, sur le chemin du retour les arbres abbattus coupent les routes qui elles-mêmes sont minées par endroit – notre retour a lieu par un itinéraire détourné nous arrivons à Viefvillers à 3 heures du matin. La journée se passe beaucoup plus tranquile. Dans la soirée je donne a cuire un poulet rapporté de Conty
Vendredi 7 Juin
Nous partons de Viefvillers à 4 heures du matin et sommes à St Lucien à 5 heures 45 – ce pays situé a quelques kilomètres de Beauvais, n’est composé que de quelques fermes, Les vagues d’avions ennemis sont nombreuses, le soleil est très chaud, seule la 3ème section est ici un avion est abattu non loin dans un bois – à 19 h 30 accompagné de Grosrichard et (Cumin ?)nous quittons par mission la ferme de St Lucien pour le central télé de Beauvais
Samedi 8 Juin
Nous passons une nuit blanche dans la poste de Beauvais dont les vitres ont été brisées par les bombardements antérieurs. Les heures nous semblent interminables dans cet vaste immeuble. Avec la voiture de B… ? conduite par Lecler, nous quittons Beauvais vers 9 h 30 à destination d’un bois situé à 12 kilomètres au sud, dénommé Malassise, les avions nous mitraillent fréquemment, nous quittons ce bois vers 21 heures et nous arrivons à la Neuville Duaumont ou nous passons une nuit bien gagnée et nécessaire
Dimanche 9 Juin
Nous partons de la ferme située à la Neuville Duaumont à 11 h 15 – Nous déjeunons à Carrière s/Poissy à 14 h 30 – à 17 h 30 on en repart pour Noisy le Roi où l’on est à 20 heures, après une courte nuit nous en repartons à 5 heures du matin
Lundi 10 Juin
Nous quittons Noisy le Roi à 5 heures du matin pour Versailles, Dreux et nous arrêtons à Beaumont le Roger vers 11h 15 – nous repartons de Barc et non de Beaumont le Roger vers 12 h 30 et nous arrivons à Pont Chardon à 16 heures à 5 kilomètres de Vimoutiers
Mardi 11 Juin 1940
Nous couchons dans un pré dans la nuit du lundi au mardi, la journée est calme et je suis de garde 24 heures de mardi midi au lendemain même heure, dans la nuit de 2 à 4 heures et le soir de 6 à 20 et le matin 10 – 12 H
Mercredi 12
Le service de garde se continue comme indiqué plus haut. Les camarades vont travailler toute la journée sans revenir à midi – je me repose l’après-midi.
Jeudi 13 Juin
Nuit parfaite à l’abri – L’usine de Pont Chardon commence à renvoyer du personnel. A 20 heures nous quittons Pont Chardon et sa fontaine en direction d’Alençon
Vendredi 14 Juin
A 1 heure du matin nous couchons dans une ferme du village de Radon à 7 Kms d’Alençon – la cuisine est installée dans le bourg de Radon
Samedi 15 Juin
Toujours dans la ferme proche de Radon, je vous ( ?) parle ( ?) de la section exploitation – (Cloisnard ?) et (Oheix ?) nous y rejoignent venant du central de Bernay. Dans cette journée l’aviation ennemie est très active et passe sans cesse au dessus de nos têtes – la ligne de chemin de fer d’Alençon est particulièrement visée.
Dimanche 16 Juin 1940
La fermière accueillante où nous sommes quitte la maison le dimanche matin. Dans cette journée les sections sont remaniées et restreintes, (Busquet ?), (Mauquet ?), (Bretecher ?), (Mathieu ?), (Terrand ? ) sont rappelés au centre de Tours
Lundi 17 Juin 1940
à 3 heures du matin nous quittons la ferme près de Radon pour St Aubin du Cormier, entre Fougères et Rennes. Après avoir donné un coup d’œil d’ensemble sur les (….. ?) au château de Fougères nous arrivons à 9 Heures au lieu de destination. Pendant notre déjeuner dans l’herbage nous apprenons que le maréchal Pétain nouvellement au pouvoir vient de demander des conditions d’un armistice aux ennemis – Nous passons la nuit à la ferme située à la sortie du bourg de St Aubin du Cormier
Mardi 18 Juin 1940
Dans la matinée, les poulets plumés le matin viennent d’être mis à cuire, nous apprenons que les boches sont à Vitré. Le Lieutenant reçoit l’ordre de prendre la direction de St Brieuc, nous quittons St Aubin vers 11 heures. Vers 17 heures à Noyal nous nous rencontrons avec un convoi allemand – quelle surprise – Le convoi décide d’abandonner la destinataire prévue et nous faisons chemin sur Collinée où nous passons la nuit dans la salle de classe
Mercredi 19 Juin1940
(fin des notes manuscrites)