La Martiniquaise est depuis lundi majoritaire dans le capital de Bardinet. Mais l’illustre maison bordelaise conserve son indépendance et son PDG, Emmanuel Bardinet
Fleuron de l’histoire économique de Bordeaux, l’illustre maison Bardinet, leader français du rhum, vient de changer de mains au terme d’un accord qui entérine la prise de participation majoritaire de la société la Martiniquaise dans le capital du groupe. Signé en début de semaine, il prévoit également que « les deux entités conserveront leur totale autonomie dans la gestion commerciale et technique pour les maisons et leurs filiales ». Emmanuel Bardinet conserve donc ses prérogatives de PDG dans ce qui ressemble plus à un rapprochement entre deux
groupes familiaux qu’à un rachat sauvage. Vraisemblablement important, le montant de la transaction n’a pas été révélé.
La Martiniquaise, installée dans la région parisienne, est la quatrième société française de production de liqueurs et d’apéritifs « autres qu’à base de vin ». Derrière Pemod-Ricard et Marie-Brizard, la Martiniquaise a réalisé l’an dernier 1 milliard de francs de chiffre d’affaires et emploie 149 personnes. La Martiniquaise possede de nombreuses marques d’alcools de premiers prix très présents dans la grande distribution, comme le whisky Label 6, la vodka Poliakov, le gin Gibson’s, le porto Gran Cruz ou le rivesaltes Dauré. La Martiniquaise a également acquis l’armagnac Ducastaing-Saint-Vivant à Condom, dans le Gers.

UNE DIMENSION EUROPEENNE
Avec ses marques Negrita, Old Nick et Dillon, Bardinet n’est pas seulement le leader français du marché du rhum. Depuis sa création en 1857, Bardinet a constamment au développer de nouveaux produits pour être aujourd’hui un groupe important dont la piêoe maîtresse Bardinet SA, installée à Blanquefort depuis 1976, emploie 200 personnes et a réalisé l’an passé 387 MF de chiffre
d’affaires pour un résultat net de 22 MF, en constante augmentation.
Autour de sa négresse fétiche, on trouve chez Bardinet du whisky (Sir Edwards) et une importante gamme de punchs colorés et cocktails à base de vodka et de rhum. Le constant dynamisme de la maison Bardinet ne laissait pas prévoir qu’elle put être rachetée. Ce qui fait croire que l’offre faite par la Martiniquaise ne pouvait laisser insensibles les actionnaires d’une société qui avait porté son capital à 16 millions de francs en 1986.
Indépendant, entièrement français, le nouveau groupe entend bien profiter de cette nouvelle dynamique pour devenir une des premières sociétés européennes du secteur.
La saga BardinetC’est à Limoges en 1857 que débute la saga Bardinet. Paul fabriquait des liqueurs et crèmes (triple-sec, anisette, cherry). Bientot la maison qui prospere vite, abandonne le marché en vrac pour conditionner le rhum en bouteille. Le 11 octobre 1886, la marque Negrita est déposée au greffe du tribunal. La négresse du rhum Bardinet est, depuis, indissociablement liée à la fortune commercante de Bordeaux. Lorsque Edouard Bardinet prend la relève de son père, il installe la société à Bordeaux qu’il transforme en une véritable entreprise industrielle. Tout en élevant ses treize enfants, Paul Bardinet multiplie agences et concession, dans le monde entier jusqu’à devenir leader sur le marché du rhum . C’est encore un descendant, Emmanuel, qui après Dominique, dirige le groupe Bardinet, installé depuis 1975 à Blanquefort. |
06 Aout 1993 – Courrier aux actionnaires de Emmanuel Bardinet
Lettre aux actionnaires EB 06.08.1993




« Pour me garantir un résultat optimum et des pâtisseries toujours de haute qualité, je sélectionne les meilleures matières premières, parmi lesquelles de grandes eaux-de-vie comme le rhum Negrita. J’ai choisi le rhum Negrita car il est le fruit de l’assemblage des meilleurs rhums français, assemblés pour allier arôme, robustesse et saveur. C’est précisément pour la richesse et la spécificité de ses arômes que je le rencontre fréquemment dans les laboratoires des meilleurs établissements ou pâtisseries. Art de précision, la pâtisserie ne permet pas l’approximation, et Negrita me garantit une qualité constante et incomparable pour sublimer mes créations. Ce rhum est à mes yeux inégalable. »






1857, Paul Bardinet, 19 ans, est engagé comme salarié de François Bobin, liquoriste à Limoges. Neuf années plus tard, bouillonnant d’idées, il rachète l’affaire tandis que son épouse accouche de leur premier fils : Édouard.


Fils de Dominique Bardinet & Marielle Durif, né le 12 janvier 1965 à Talence, Thomas Bardinet quitte sa Gironde natale à l’âge de 20 ans pour monter sur Paris et tenter de réaliser son rêve : faire du cinéma.



